Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1840 > Novembre > 15

15 novembre [1840], dimanche soir, 4 h. ½

Cher et adoré petit homme, tourne un peu vers moi ta charmante petite tête que je t’embrasse de l’âme. Ma pensée te suit, mon adoré, pas à pas et toujours en quelque endroita que tu sois je suis avec toi. Je t’aime et je t’adore. N’aie pas peur mon bien-aimé. Mon amour me garde de toute séduction et de toute mauvaise pensée, je suis si occupée de toi, si pleine de ta pensée et de ton image qu’il n’y a place ni temps pour autre chose. Aie confiance en moi, mon Toto chéri, car c’est plus que de l’injustice quand tu me soupçonnesb, c’est un sacrilège car ma conduite est sainte et sacrée pour tout ce qui regarde mes devoirs d’honnête femme et de femme amoureuse. Je t’aime mon Victor, c’est bien vrai.
Pauvre Charlot, c’est bien embêtant qu’il soit retenu pour si peu de chose, car pour moi quinze pages d’histoire peu sues ou pas sues du tout ça m’est égal et je trouve souverainement injuste qu’on l’ait retenu pour cela. Au reste nous y sommes, ma Claire et moi, depuis quinze jours, en retenuec, mais le mal de l’un ne guérit pas celui de l’autre et on ne peut pas faire entrer en déduction nos quinze jours de fourrière pour le plus pauvre petit jour de congé d’un gamind quelconque. QUELLE INJUSTICE !!!!!e
J’attends la mère Pierceau tout à l’heure à moins qu’elle n’ait quelque pet de travers auquel cas je ne la verrai pas ce soir. Il fait un temps ravissant, quel malheur que tu ne puissesf pas nous faire sortir. J’ai une faim et une soif d’enragé d’une promenade en plein air avec toi. Il est probable cependant que d’ici à mardi soir ni moi ni ma pauvre Claire ne mettrons le pied dans la rue. Ia [1], ia, ia, peu amusant les quinze jours de vacances. Baise-moi toi et viens souper ce soir si tu ne veux pas être embrassé comme plâtre.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16343, f. 163-164
Transcription de Chantal Brière

a) « quelqu’endroit ».
b) « soupçonne ».
c) « retenu ».
d) « gamain ».
e) Cinq points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.
f) « puisse ».

Notes

[1Ja : oui en allemand.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne