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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 février [1840], lundi soir, 4 h. ½

Merci, mon adoré, je t’aime, tu as été bon, merci. Voici Mme Triger qui vient d’arriver, qui a fui sa folle qui est intraitable aujourd’hui. Moi je t’aime et je suis folle de toi. Mon Dieu que je voudrais que tu vinssesa me chercher pour faire une culotte ce soir malgré l’amabilité de ces dames. Je souffre, mon pauvre adoré, j’ai mal partout, je ne sais pas si c’est la courbature de cette nuit mais je sais que je suis bien chiffue. Quel bonheur ! Toutes ces pauvres femmes autour de moi se plaignent de leurs hommes, moi je loue le mien, voilà la différence. Je le trouve ravissant, admirable et adorable, mon bon petit homme. Je ne veux pas trop vous le dire, vieux vilain, parce que vous êtes un vieux fat et que vous voyez dans toutes les femelles des mères plus ou moins [illis.]. Baisez-moi mon Toto et soyez bien sage et bien fidèle, n’allez pas chez M. Thiers, mon petit homme, je vous serai bien reconnaissante, mon adoré, si vous entendez ma prière et si vous l’exaucez. Ô oui, mon cher adoré, sois-moi bien fidèle et évite toutes les occasions de me faire du mal. Je t’en prie, mon bien-aimé, écoute bien la prière de ta pauvre Juju. Mme Pierceau vient de descendre pour chercher de la fricassée, Suzanne n’est pas encore arrivée. Mais dans tous les cas, je ne mangerai pas d’OIE, j’ai trop mal à l’estomac. Je voudrais bien voir le massacre des inOSCENS avec vous, il me semble que ce n’est pas sans charme. Je voudrais vous tenter mais je n’ai pas malheureusement la pomme qu’un serpent prit pour un gâteau [1], tout ce que je vous propose ne vous tente pas, il s’en faut bien. Hélas…eh ! bien je vous aime, je vous aime, je vous aime, et je vous aime et je vous aime. Tant pis pour vous. Je vous écris pendant que Mme Triger parle, parle, parle, je suis obligée de lui répondre, de lui répondre… oui, Madame, certainement, il n’y a pas de doute, il est très possible, etc., etc. Mais en somme je ne sais pas ce qu’elle dit ni ce que je dis. Je me dépêche de te dire que je t’aime, que je te désire, que je t’attends, que je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16341, f. 146-147
Transcription de Chantal Brière

a) « vinsse ».

Notes

[1A élucider.

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