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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 septembre [1836], lundi matin, 11 h. ½

C’est en vain que je vous ai attendu, c’est inutilement que je vous avais fait préparer un très gentil petit souper. Vous n’êtes pas venu. J’en ai été et j’en suis encore très triste car je prévois que je ne vous verrai pas de toute la journée. Tout ce que je peux espérer c’est de vous voir la nuit prochaine très tard. Il pleut, il fait froid, raison de plus pour que vous ne songiez pas à revenir de sitôt. Si c’était moi j’irais vous chercher malgré le mauvais temps. Il est vrai que moi je n’aime que vous au monde. Tandis que vous, vous avez plus d’affections que votre cœur n’en peut contenir. C’est pour cela que l’amour que vous devriez avoir pour moi est au dehors au lieu d’être en dedans. C’est ce qui fait que je vous attends toujours et que vous ne venez pas souvent.
Mais je vous aime malgré cela, je vous aime malgré tout. Je vous aime, c’est-à-dire je vis en vous, par vous et pour vous.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 342-343
Transcription de Nicole Savy


19 septembre [1836], lundi soir, 6 h. ½

Que veux-tu que je te dise mon cher bien-aimé. J’ai passé la journée tristement et je prévois que je passerai la journée plus tristement encore puisque tu ne viendras probablement que cette nuit très tard. Si je t’aimais moins je serais moins sensible à ton éloignement. Mais je t’aime trop, ça fait que je souffre comme un pauvre chien perdu.
Pour employera le temps de Claire je l’ai envoyéb voir Mmes Krafft et Pierceau. Maintenant je suis dans un grand embarras dont tu m’aurais tirée si tu avais été là. Voici ce que c’est : la nièce de Mme Krafft est encore en vacances pour deux jours. Mme Krafft me prie de lui donner Claire au moins pour un jour. Je ne sais à quoi me résoudre. Si tu viens tu décideras la question.
J’ai un froid si excessif que je viens d’envoyer chercher du bois. Je ne peux pas y tenir de froid aux pieds.
Mon cher petit Toto je vous pardonne votre abandon volontaire à la condition que vous allez revenir tout de suite. Je vous aime quoique cela vous soit parfaitement indifférent. Je baise vos petites mains blanches et vos pieds roses.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 344-345
Transcription de Nicole Savy

a) « emploier ».
b) « envoyée ».

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