Guernesey, 20 mars 1868, vendredi matin, 7 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bon jour, bonheur, amour et joie. Je t’envoie tout cela dans un baiser. Comment ta nuit ? La mienne très bonne, ce qui ne m’en a pas fait levera plus tôt ce matin, comme tu vois. Cela tient peut-être au froid de cette nuit car il a gelé et même à glace puisqu’il y en a encore sur le petit toit au-dessous de mes fenêtres. Cet incident atmosphérique favorable au sommeil l’est moins pour les pêchers en fleurs et je crains fort pour les miens. Dès que j’aurai fini mon gribouillis, je descendrai les voir pour m’assurer de leur sort. En attendant, je continue mon jabotage : je compte te prier de me donner un de tes portraits pour mon neveu qui me le demande depuis longtemps et une vue de tes petits pauvres pour sa femme que cela intéressera extrêmement. Je profiterai de l’occasion de Suzanne pour les lui envoyer et je prends ce prétexte pour t’adorer encore plus.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 81
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « pas fait levée ».