Guernesey, 18 mars 1868, mercredi, 7 h. du matin
Bonjour, mon adoré petit homme, que mon amour et le bonheur soient avec toi à présent et toujours. Comment as-tu passé la nuit ? Très bien je l’espère. Moi, couci-couça. J’ai peu dormi mais je ne m’en porte pas plus mal. La promenade d’hier, loin de me fatiguer, m’a ragaillardie et je me sens disposée à en faire une autre encore aujourd’hui pour peu que tu en aies le temps. Mais j’y pense, est-ce que ce n’est pas aujourd’hui que tu as rendez-vous avec ta pindeuse [1] ? Ou bien avec le photographe ? Ou avec X, Y, Z car tu n’as que l’embarras du choix en fait d’honneurs et d’embêtements. Il va sans dire que mon désir de promenade est subordonné au fouettage de toutes les Sixtis [2] et de tous les chiens plus ou moins photographes qui se jettent dans tes jambes. L’important est que tu m’aimes et que tu n’aimes que moi. À cette condition, je me soumets à tout sans murmurer et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 79
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette