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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 juillet 1851, mardi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon Victor, bonjour, mon ineffable et vénéré bien-aimé, bonjour. Tout mon cœur tressaille en t’écrivant ces mots en apparence si insignifiants et qui pourtant te brûleraient le cœur si le contact de la pensée et de l’âme se faisait sentir à travers les mots.
Comment vas-tu, mon sublime bien-aimé ? As-tu bien dormi cette nuit ? Je voudrais te demander encore bien autre chose touchant l’état sanitaire de ton cœur mais je n’ose pas, tant je suis profondément découragée et pleine de défiance, non sur ta loyauté en laquelle je crois comme à Dieu, mais sur les vrais sentiments de ton cœur que tu ne connais peut-être pas bien toi-même. Je suis pleine d’angoisses et d’anxiété et je sens que j’aimerais mille fois mieux la mort que la prolongation de cette cruelle épreuve.
Ne me disa pas que tu n’as pas le temps, que tu es occupé. Toutes ces excuses matérielles peuvent-elles sérieusement me rassurer après ce qui s’est passé depuis sept ans ? Ne me disa pas non plus que tu as épuisé l’amour et que tu ne me rapportes que l’homme blasé et indifférent et désillusionné, car je crois que je mourrais de honte et de regrets. Si tu n’es pas sûr de toi, si tu n’es pas sûr de m’aimer et de n’aimer que moi, je te supplie au nom de tout ce que tu as de plus sacré dans ce monde et dans l’autre, de me le dire. Je t’en supplie, mon bien-aimé, je suis prête à toutes les révélations. La chose qui me rendrait folle d’impatience, c’est cette espèce de quarantaine que tu fais faire à mon pauvre cœur. Cela me tue et je t’assure que si cela devait se prolonger j’y laisserais ma raison et ma vie.

Juliette

BnF, Mss NAF 16369, f. 135-136
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « Ne me dit ».

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