14 décembre 1879

Paris, 14 déc[embre] [18]79, dimanche matin, 10 h. ½

Cher bien-aimé, tu as passé une bonne nuit, donc tout est bien, au moins de ton côté ; le reste viendra quand il pourra. Le temps est triste ce matin mais moi je veux être GEAIE quand même. J’ai pour cela renoncé à me recoucher et à faire dire à Émile Allix de venir malgré l’insistance de Célanie et de Rosalie et malgré la tentante occasion des enfants qui vont déjeuner chez le docteur ce matin. Mais, pareille au pourpoint de don César, je lutte, j’aime mieux cela [1]. Je te fais penser que tu n’as pas répondu à la dernière lettre de M^me Chenay ni à aucune de celles qui nécessitent une réponse. Je ne sais pas si Lesclide viendra ce matin ; j’en doute car il est déjà bien tard.
Tu m’as envoyé 200 F. tout à l’heure mais je viens d’en donner 140 F. à la cuisinière et c’est demain, lundi, jour de la blanchisseuse. Je te le fais remarquer pour que tu ne t’étonnes^a pas si je suis forcée de t’en redemander demain.
Cher bien-aimé, pardonne-moi de mêler les affaires aux choses de mon cœur. Je voudrais passer toutes ces histoires oiseuses et n’avoir à te dire que ce mot unique : je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 304
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « t’étonne ».