Paris, 4 juin 1881, samedi, midi ½
In haste comme nous disons entre Anglais, Anglishs, Anglaisants, je suis tellement à cours de minutes et remplie de tendresses à profusion que je ne sais comment arriver à mes fins avant le déjeuner.
J’y essaie pourtant, comptant sur ta sage lenteur à t’habiller et j’espère arriver encore la première au rendez-vous de la table. Depuis ce matin je trime, je vilvousse [1] dans la maison sous prétexte de nettoyagea et de branle-bas général. Tout cela sert peut-être un peu la maison mais très mal mon cœur.
Enfin, en mettant Pélion sur Ossa [2] et en lâchant par-dessus mes pattes de mouches à toute voléeb, je crois que j’arriverai jusqu’au bout de ma pauvre vieille restitus essoufflée. Je voudrais tant te dire combien je t’aime, combien tu es bon, combien tu es grand, combien je t’admire, combien tu es divin et combien je t’adore, mais il me faudrait l’éternité pour cela.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 121
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « nétoyage ».
b) « vollée ».