23 octobre [1841], samedi matin, 11 h.
Bonjour mon adoré, bonjour mon Toto bien-aimé. Comment vas-tu ? Comment va ta chère petite bouche ? Tu n’as plus eu de fièvre cette nuit, mon amour ? J’espère que tu te seras couché en rentrant car ce serait vraiment bien imprudent si, fatigué comme tu l’étais en me quittant, tu avais encore repris ton travail.
J’ai lu tout à l’heure mon cher petit manuscrit, c’est toujours de plus en plus admirable et j’y passerais mes jours et mes nuits sans me lasser si tu voulais m’en donner à lire toujours. Je vais envoyer tout à l’heure chercher du papier pour copier mais auparavant j’ai voulu lire [1]. Je viens d’écrire au bijoutier pour lui expliquer ce que je veux et pour savoir ce que cela coûtera. Si c’était trop cher, mon adoré, je te promets d’y renoncer, je ne veux pas aggraver et surcharger outre mesure ta position et ton travail. Ainsi c’est dit, je ne ferai faire cette bague que si elle ne coûte qu’un prix très raisonnable et dont tu seras juge [2].
Je t’aime, mon Toto ravissant, je t’aime de toute mon âme, crois-le bien parce que c’est la sainte vérité. Je baise tes chers petits pieds bénis.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16347, f. 49-50
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette