17 septembre [1837], dimanche matin, 8 h. ¾
Bonjour mon petit homme, bonjour mon cher bien-aimé. Je trouve les nuits bien longues toute seule. Et vous, comment les trouvez-vous ? Vous ne faites pas de différence je suis sûre. Vous voilà à Auteuil un dimanche et par un bien beau temps [1]. Il est presque sûr que je ne vous verrai pas de la journée. Rien que la crainte me rend triste. Que sera-ce donc si vous ne venez pas réellement. Hou !... J’ai lu hier de bien beaux vers qui vous sont adressés. C’est plaisir de voir comment tu es compris et aimé par tout ce qui est bon et intelligent. J’ai vu aussi la lettre de Mme Volnys. Je crois en effet que la faute est plus à la direction qu’à l’actrice [2]. Quoique… je n’aime pas le style plus que familier avec lequel Mme Léontine [3] vous écrit. Mais soyez tranquille, j’y aurai l’œil. En attendant je vous aime de toutes mes forces, je vous désire de tout mon cœur, je pense à vous sans cesse et sans relâche. Je serai bien heureuse et bien geaie si vous venez dîner avec moi et coucher avec Juju. Malheureusement, je n’ai pas beaucoup d’espoir de ce côté-là. C’est ce qui me fera triste et maussade toute la journée, ce qui ne laissera pas que d’être aimable pour cette pauvre Mme Pierceau si elle vient. Jour mon petit homme adoré. Jour on jour. Je t’aime, va. Je t’aime comme je voudrais être aimée, c’est-à-dire sans partage. Je baise tout ce qui enveloppe votre pantalon collant. J’y colle mes lèvres pour que vous soyez collé [4].
Juliette
BnF, Mss, NAF 16331, f. 176-177
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein