Bruxelles, 2 octobre [18]67, mercredi matin, 8 h. ¾
Je t’offre ma bonne nuit dans l’espoir que tu as de quoi me la remplacer par la tienne, mon cher adoré, et je te souris, et je suis heureuse, et je te bénis, et je t’adore.
Ton bon Meurice n’avait pas l’air trop abattu hier. Il est vrai que, plus les douleurs sont profondes, moins elles se montrent au grand jour. C’est pourquoi la tranquillité apparente de ce noble cœur ne prouve peut-être rien, hélas ! [1]
Le moment approche pour nous de prendre notre vol vers notre cher petit nid de Guernesey ; quel dommage de ne pouvoir pas en même temps emmener tous ceux que nous aimons, grands et petits. Avec quel bonheur j’y emploierais mes pattes, mes griffes, mes ailes, ma force, mon cœur et mon âme pour les transporter sains et saufsa dans ton aire. Espérons qu’ils finirontb par y venir d’eux-mêmes, ce qui vaudra encore mieux pour le bonheur de tous.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 242
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon]
a) « sain et sauf ».
b) « il finiront ».