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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 22 décembre 1855, samedi soir, 4 h. ½

Je te donne mon cœur en courant, mon cher petit bien-aimé, car j’ai toujours un tas de chien à fouetter plus ennuyeuxa les uns que les autres : la blanchisseuse tantôt, l’ouvrier de Forward tout à l’heure sans parler des SCIES du ménage. Du reste, j’ai beau être en retard, tu me laisses malheureusement trop de temps de m’apercevoir que tu ne viens pas, bien qu’il soit convenu que tu ne pourras pas revenir ce soir avant ton thé. Je crois que vous voilà, c’est bien heureux.

9 h. ½

Nous voici de retour, mon cher petit homme, et pour ma part assez maussade d’avoir sacrifié la chance de te revoir ce soir pour satisfaire la curiosité niaise de Suzanne. Enfin, m’en voici quitte pour un bout de temps, Dieu merci. J’ai salué ta porte au passage deux fois. Je crois même que j’ai laissé tomber mon cœur sur le seuil. Rapporte-le moi bien vite ou plutôt garde-le jusqu’à la consommation des siècles, tu me rendras service et je ne t’en aimerai que davantage. En attendant je vais me coucher et rêver de vous. Cela ne me sera pas difficile car je n’y ai jamais manqué depuis bientôt vingt-deux ans. Tâchez de votre côté, mon doux adoré, de ne pas veiller trop tard et de faire une bonne nuit qui compense la dernière si vous pouvez. Je vous clos les yeux d’avance par d’épais baisers et je vous défends de brûler votre vie, qui est la mienne, par les deux bouts.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16376, f. 410-411
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

a) « ennuieux ».

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