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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 25 avril 1855, mercredi matin, 7 h. ¾

Bonjour, mon bel endormi, bonjour, mon cher petit Toto, je vous aime à frais dans le soleil et dans la rosée du matin. Pour être plus sûre de ne pas manquer ma RESTITUS je m’y prends de bonne heure, comme vous voyez : j’ai le projet d’aller voir tantôt Mme Charrassin si cela te paraît convenable toutefois car personnellement je n’en vois pas beaucoup l’utilité à moins que ce ne soit pour l’inviter par la même occasion ; pour cela il faudrait que tu puisses me donner ton jour à coup sûr. En attendant, je reparfile [1] une moelleuse migraine pour n’en pas perdre l’habitude probablement. Vraiment je ne suis rien moins qu’amusante, même à mes propres yeux. Mes podagreries, très variées pourtant, sont empreintes d’une si profonde stupidité qu’elles m’ennuient encore plus qu’elles ne me font souffrir. Je suis honteuse physiquementa et moralement, ce qui ne m’empêche pas de t’aimer à travers tout cela d’un amour tout fleuri et tout parfumé comme le printemps. Je voudrais pouvoir t’envoyer tous mes baisers, toutes mes tendresses et toute mon âme comme un bouquet à respirer au lieu de ce fagot d’épines et d’orties que j’intitule RESTITUS, je ne sais pas pourquoi. Je t’aime, mon Victor, tout autant et mieux encore peut-être que le premier soir de notre bonheur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16376, f. 165-166
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

a) « phisiquement ».

Notes

[1Parfiler : tisser.

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