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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 février [1836], lundi, midi ½

Mon cher petit Toto, quoique j’aie été avec vous toute la matinée ce n’est pas une raison pour me priver du bonheur de vous écrire, aussi je fais comme si de rien n’était.
Tu as été un fameux bon Toto d’être venu me prendre ce matin pour faire tes excursions candidatiques [1]. Si vous étiez bien inspiré, vous viendriez tous les jours ainsi. Soit pour les promenades extra-muros, soit pour les promenades intra-muros dans mon lit, vous seriez toujours sûr d’être le bienvenu, comme ce matin.
Quel beau soleil. Nous devrions en profiter pour chercher des logements.
J’ai oublié les deux volumes dans le cabriolet, je ne sais pas si tu t’en seras aperçu, ou si le cocher aura eu la délicatesse de les garder. Enfin, je les ai oubliés.
Je t’aime mon cher petit Toto, je te remercie de tout mon cœur d’être venu me prendre. Je te supplie de faire toujours ainsi. Je me porte à ravir ce matin. J’ai mangé comme quatre, je me suis chauffée comme trente-six et j’en avais besoin. Enfin, je t’aime, je t’aime et puis je t’aime et puis tu es mon Toto adoré. Je te baise sur tout toi.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 81-82
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


8 février [1836], lundi soir, 8 h. ¼


Mon cher petit Toto chéri, je vous attends sous les armes, prête à tout événement.
Je viens de voir Mme Lanvin et le fameux cousin, qui sont venus me remercier ou plutôt te remercier du plaisir que tu leur as procuré ce soir. Moi, mon cher petit homme, j’attends que vous m’en procuriez, du plaisir. Et en attendant, je vous aime comme on n’aime pas dans ce monde-ci.
Vous seriez bien gentil si vous vouliez venir très tôt tréteaux. Je ne vous aimerais pas davantage parce que cela n’est pas possible mais je serais plus heureuse ou plus GEAIE, selon que nous resterions à la maison, à faire l’amour, ou que nous irions à la Porte [Saint] Martin voir la parodie de Mme Deligny du théâtre St Antoilea par la monstrueuse Mlle GORGE [2].
Mon cher petit Toto, mon bien aimé, viens ou ne viens pas, je t’aime. Te voir un peu plus tôt ou beaucoup trop tard n’est qu’une question de beaucoup de bonheur en plus ou moins mais pas une question de [cœur  ?]. Je t’aime mon Toto, je t’adore mon grand Victor.

J.


BnF, Mss, NAF 16326, f. 83-84
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) La lecture n’est pas douteuse. Jeu de mots sur le nom du Théâtre de la Porte-Saint-Antoine.

Notes

[1Hugo est candidat à l’Académie française pour la première fois. Il sera battu, le 18 février, par Dupaty. Après plusieurs autres candidatures malchanceuses, il sera finalement élu en 1841.

[2Il s’agit probablement de Mlle George, devenue très plantureuse, et dont Juliette reste jalouse. La pièce et sa parodie restent à élucider.

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