Guernesey, 12 novembre 1862, 3 h. ½ après midi.
Puisque tu m’en laisses le temps, mon cher bien-aimé, je te gribouille ma restitus à la hâte en t’attendant et en espérant que tu viendras m’interrompre à l’endroit le plus intéressant. Depuis ce matin je trime comme une pauvre malcenaire [1], car c’était ce matin la blanchisseuse et de plus les suites de mon festival à faire rentrer dans le manche. Tout cela constitue pour moi beaucoup d’arias [2] maintenant que je n’y vois plus pour raccommoder mes affaires et que mes jambes refusent très souvent le service [3]. Cependant à force de courage et de rage j’en suis presque venue à bout aujourd’hui et je suis toute prête à emboîter le pas côte à côte avec toi si tu en as le goût et surtout le temps. Quoi que tu fasses, mon cher bien-aimé, je serai heureuse. Justement te voilà, quel bonheur ! Je vais passer ma robe et me voilà RAPIDE.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 238
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa