Guernesey, 23 avril 1862, mercredi matin
Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour, tendresse et bénédiction sur toi, quel que soit l’état de ton cœur pour moi en ce moment. Quant au passé, je ne sais pas ce qu’il en faut penser d’après les lettres plus que significatives que tu reçois et dont tu sembles regretter les lacunes involontaires de celle qui te les écrit. Peut-être aurais-tu bien fait de me montrer la lettre de tendres reproches adressée à cette Alphonsine [1] sous-jacente puisque tu as la confiance de m’apporter sa réponse mais on ne pense pas à tout. Quant à moi, mon pauvre bien-aimé, j’attends avec impatience le vrai jour des âmes pour savoir ce que la tienne est pour moi. Jusque là, fais des chefs-d’œuvre et tâche que ta conscience mène de front tes galanteries rétrospectives et mon amour immuable et immortel sans en être embarrassé ni fatigué. C’est le vœu de mon cœur. J’espère que tu as passé une bonne nuit et que tu es aussi heureux au-dedans que glorieux au-dehors.
BnF, Mss, NAF 16383, f. 102
Transcription de Julia Wahl, assistée de Florence Naugrette