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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 avril 1862

Guernesey, 3 avril 1862, jeudi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon cher adoré, bonjour, santé, amour, gloire et bonheur à toi. Je te souris, je t’aime, je te bénis.
J’espère que tu as passé une bonne nuit, mon pauvre génie de somme, malgré ton excessive fatigue et malgré toutes les agitations que te causent les maladresses sans nombre de tes Belges [1] ? Heureusement que ton livre est un colosse plus colossal que celui de Rhodes entre les jambes duquel toutes les bévues et tous les contretemps passeront sans même lui atteindre la cheville. Quant à l’admiration, elle devra déployer toute l’envergure de ses grandes ailes pour tâcher d’arriver jusqu’à son coude et Dieu seul sera assez haut pour lui mettre le rayon divin sur le front.
Cher adoré, je te dis bien mal la chose que je sens le mieux. Cela tient à la petitesse de mon esprit et à la grandeur de mon amour qui ne sont pas en proportion vis-à-vis l’un de l’autre, ce qui fait que je t’écris des bêtises et que je sens des choses sublimes s’agiter au fond de mon cœur sans pouvoir en sortir. Pardonne-moi et aime-moi pour être juste, je t’adore. J’ai dormi toute la nuit comme une marmotte. Je me porte mieux que le Pont-Neuf et le temps semble s’humaniser un peu ce matin. Qu’avez-vous à répondre ? VOUS RAYONNEREZ demain soir !!!

BnF, Mss, NAF 16383, f. 82
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Victor Hugo a envoyé la veille à son imprimeur les deux premiers livres de la quatrième partie des Misérables.

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