Guernesey, 11 février 1862, mardi matin, 9 h.
Bonjour, mon cher adoré, bonjour et merci de ta chère petite télégraphie joyeuse [1], bonjour je t’adore. J’espère qu’à mon INSTAR tu as passé une très bonne nuit et que tout est à souhait dans ta santé ce matin, toujours à mon INSTAR ? Tout à l’heure j’essayerai les fameuses corrections [2] et je te promets que ce ne sera pas de ma faute si je ne parviens pas à te contenter. D’abord la pensée de remplir une mission de confiance et la récompense qui y est attachée sont capables de me transformer et de faire de ma stupidité une façon d’intelligence appropriée à mon amour, à mon admiration et mon adoration pour toi. Aussi dès que je t’aurai donnéa mon contingent de pattes de mouches et de tendresses ailées et Zélées, je me mettrai à l’œuvre et j’espère réussir : quel bonheur !!! Oh ! oui ! quel bonheur ! si je parviens à me faire un exemplaire complet de tes MISÉRABLES ! Il me semble que je les relirai avec encore plus d’amour corrigés par toi et que je les comprendrai encore mieux à travers ta chère petite autographie. En attendant je vais essayer de fourrer ma CALLIGRAPHIE sous les [illis.] de Lacroix trouvant qu’elle est assez bonne pour ses lunettes. Et puis je baise vos quatre petites pattes.
BnF, Mss, NAF, 16383, f. 37
Transcription de Chantal Brière
a) « donner ».