Paris, 7 août 1882, lundi matin, 7 h. ½
Je t’aime. Ce mot contient toute ma vie ou plutôt c’est ma vie même. Le jour où je cesserai de le sentir j’aurai cessé de vivre. Et il ne faut rien moins que les misères de la maladie pour m’empêcher de te le dire tous les jours sous toutes les formes en paroles et en actions. Aujourd’hui, que je souffre un peu moins, je tâche de remettre ma pauvre restitus si longtemps délaissée sur ses pattes [1]. J’espère qu’elle s’en trouvera si bien et moi aussi que nous continuerons de chevaucher de conserve elle et moi encore un peu de temps. Pourvu qu’elle me mène directement à ton cœur tous les jours je ne lui en demande pas davantage. J’ai pour tout bagage mon âme que je te confie. À toi d’en répondre devant Dieu.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 139
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette