Paris, 22 juin 1882, jeudi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, je suis bien contente que tu aies passé une bonne nuit et bien heureuse de voir que ta santé se soutient de mieux en mieux. Profitons-en et remercions Dieu et aimons-nous comme si déjà nous n’étions plus que deux âmes dans l’Éternité. J’ai vu que tu avais séance publique à deux heures aujourd’hui et réunion dans les bureaux à une heure pour communication du gouvernement. Il est peu probable que tu aies la curiosité d’aller prendre connaissance de cette communication, surtout à l’heure indiquée, mais tu feras bien de profiter de notre promenade pour pousser jusqu’au Sénat. Je remarque que chaque fois que nous sortons presque tout de suite après ton déjeuner, tu dors beaucoup mieux dans la nuit. Cela se comprend de reste, puisque tu évitesa la somnolence d’une trop longue stase dans ton fauteuil. Moi-même je dors beaucoup mieux quand je fais une promenade de deux heures au lieu d’une heure. Dieu quel bête de gribouillis ! Mais quelle tendresse il cache ! Je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 118
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « évite ».