Paris, 26 mars 1882, dimanche matin, 9 h.
Cher bien-aimé, on dirait que le diable se met de la partie pour me tourmenter à propos de ta nuit prochaine. J’ai presqu’envie de t’accompagner jusqu’au Grand Hôtel ce soir et de t’y attendre en voiture quand tu en sortiras [1]. Il me semble que cela me tranquillisera ; j’emporterais mon vieux manteau pour te couvrir, ce serait toujours autant de gagné sur le froid qu’il fera cette nuit. Enfin, mon grand petit homme, je serais un peu moins séparée de toi, ce qui est bien quelque chose. Tu verras à décider cette question toute de sollicitude et de tendresse pour toi. J’espère que tu dors encore d’un bon sommeil et j’en suis bien contente, toujours à cause de la nuit prochaine qui sera forcément fatigantea.
Je t’adore !
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 38
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « fatiguante ».