Guernesey, 11 mars [18]63, mercredi, midi ½
Dieu soit loué ! voilà donc ce fameux feu d’artifice tiré et toutes les fusées officielles rentrées au fourreau, y compris celle du prince de Galles [1]. C’est à notre tour à festivaler et à brûler notre joie aux moineaux et à l’amour. Foin du lycopode [2] et des feux de Bengale qui noircissent et s’éteignent devant la plus petite flamme du cœur. Je préfère à tout ce tapage notre modeste petit dîner si tranquille et si rayonnant. Donc ce soir festin et bonheur, les petits plats dans les grands et le cœur sur la main ou dans la maina comme vous voudrez. Du reste toujours pas de réponse de Rouen et quant à la maison en question elle n’est ni à vendre ni à louer, du moins voilà les premières informations. Tu vois, mon pauvre adoré, qu’on fait bien de se préparer longtemps à l’avance pour les modifications à apporter dans cette vie car rien n’est plus difficile que de mener les improvisations à bien. En attendant J’ATTENDS avec patience et courage, ce qui ne m’est pas difficile, appuyéeb sur ton [illis.] et j’accepte d’avance tout ce que Dieu voudra pourvu que je vive aimée de toi jusqu’à mon dernier souffle.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 66
Transcription de Chantal Brière
a) Juliette dessine une main sur laquelle figure un cœur.
- © Bibliothèque Nationale de France
b) « appuyé ».