Guernesey, 27 décembre 1858, lundi matin, 9 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour à Franc étrier de restitus car il faut que j’installe aujourd’hui une COPIRE sérieuse et suivie, ce que je n’ai guère pu faire jusqu’à présent, quel que soit le bonheur que j’éprouve à faire ce doux et charmant travail [1]. Je n’ai pas vu, sans un vif sentiment de regret, et presque de jalousie, la besogne partagée entre ta femme et moi, mais, outre que je m’effacerai toujours devant son DROIT, je me soumettrai toujours aussi à la nécessité de ne pas entraver ou retarder tes glorieux travaux d’une minute. Donc, mon cher adoré, le désir de ta femme étant donné et mon incapacité de plus en plus évidente se combinant avec les jours courts, je crois qu’il vaut mieux que tu profites de toutes les offres de service qu’on te fait pour être prêt comme tu le désires pour le mois de février prochain [2]. Quant à moi, je vais m’ya mettre avec toute l’ardeur de mon cœur absolument comme si j’avais la certitude de pouvoir tout faire à moi seule. Pour cela, je me hâte de t’embrasser depuis la tête jusqu’aux pieds. Juliette
Bnf, Mss, NAF 16379, f. 360
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette