Vendredi matin, 10 h.
Vous n’êtes pas venu encore ce matin, mais je suppose que c’est parce que vous faites tous vos préparatifs de départ [1]. À cette condition, je me résigne, mais à celle-là seulement.
Mon cher petit Toto, comment as-tu passé la nuit ? Tu n’as pas souffert, n’est-ce pas et tu m’as aiméea ? Combien nous allons être heureux. Je voudrais déjà être partie. Je crains toujours quelque anicrocheb, notre étoile n’est pas toujours bonne. J’ai été trop méchante hier, mais depuis l’après-midi, j’étais dans un paroxysmec de jalousie qui a enfin éclaté lorsque je t’ai vu triste et mouzon. Pardonne-moi, mon cher bien-aimé, je t’aime jusqu’à la fureur, je t’aime jusqu’à la folie, mais je t’aime de toutes les forces de mon âme aussi.
Je vais écrire à Mme Guérard et puis à Mlle Watteville et ensuite, j’irai à la chambre reporter les paquets et prendre ce qu’ild nous faut pour notre bien heureux voyage. Si tu venais pendant ce temps, tu n’aurais qu’à venir à la petite chambre. Je t’indiquerai sur un papier, l’heure et la minute à laquelle je serai partie. À bientôt. Je t’adore.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16322, f. 247-248
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « aimé ».
b) « quelqu’anicroche ».
c) « paroxime ».
d) « qui ».