Samedi, 9 h. ½ du soir
Je ne t’écrirai pas une grande grande lettre ce soir, mon cher bien-aimé, parce que j’ai bien mal à la tête. Heureusement que les mots ne sont pas comme les chiffres. Il n’est pas nécessaire d’en accumuler beaucoup pour faire une grosse somme, un seul mot, je t’aime, donne le total neta de toute la vie, de toutes les actions, de toutes les pensées ; je t’aime, tout est là, je t’aime pour racheter les erreurs de ma vie passéeb, je t’aime pour mériter le bonheur dans l’avenir. Dans ce sentiment si vrai et si passionné j’ai placé toute ma fortune dans cette vie et dans l’autre.
Je t’aime.
Juliette
Que fais-tu à présent ? Tu travailles, n’est-ce pas ? Oh ! travaille bien, pour être plus tôt avec moi. Travaillec encore pour que ma conscience ne me reproched rien.
[Adresse]
À mon cher bien-aimé Victor
BnF, Mss, NAF 16322, f. 243-244
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « nette ».
b) « passé ».
c) « travailles ».
d) « reproches ».