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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 avril 1879

Paris, 10 avril [18]79, jeudi matin, 10 h.

Cher bien-aimé, je suis toujours logée à la même enseigne, je t’adore et je souffre. À part cela, je me porte bien et je suis heureuse. Mariette a dû t’apprendre déjà l’accouchement de Mme Pierre Elzéar d’un gros garçon et la promotion de son grand Père Lesclide au Moulage du Louvre aux appointements de 1800 F. pour la première année ; deux bonnes nouvelles dans un seul jour. J’espère que tout cet avenir ne fera que croître et embellir. En attendant, et vu sa marmitea renversée [1] pendant l’absence momentanée de sa belle-sœur devenue garde-couches, je lui ai offert de dîner tous les jours à la maison à partir de demain vendredi saint, jour de jeûne et d’humiliation et anniversaire de ma naissance ! Il dépend de toi que cet à-propos mal séant devienne une apothéose radieuseb de nos soixante-treize années. Tu le peux avec une ligne, même avec un seul mot de ta main et dicté par ton cœur. Je fais plus que te le demander, je t’en prie. Je serai si heureuse si tu le fais, de toi-même, que je suis capable d’en guérir du coup. En attendant je te souris et je te bénis avec reconnaissance et avec adoration.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF, 16400, f. 96
Transcription de Chantal Brière

a) « marmitte ».
b) « un apothéose radieux ».

Notes

[1Renverser la marmite : ne plus avoir de quoi cuisiner chez soi, ou ne plus inviter les autres à dîner. Ici, c’est le premier sens qui s’applique.

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