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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 mars [1845], lundi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, mon adoré bien-aimé, bonjour, comment m’aimes-tu ? Moi, je vous aime de pire en pire et ce sera comme cela jusqu’à la fin de mes jours.
Claire est encore à la maison en l’honneur de l’Annonciation et puis aussi parce que Lanvin a fait dire ce matin par sa fille qu’il la ramènerait à la pension en y conduisant la petite Pradier [1].
Le sort en est jeté. Nous verrons ce que cela produira et jusqu’à quel point mes craintes étaient fondées.
Eulalie est à l’ouvrage. Seulement je ne sais pas avec quoi raccommodera la robe de la Vierge. Il n’y a que cela qui m’embarrasse réellement. Le reste peut très bien, avec beaucoup de temps, être très bien restauré. Je tiendrais à ce que ces tapisseries fussent bien raccommodéesb pour te faire plaisir, d’abord, et puis pour que cela motive l’argent que tu auras pris à cette occasion. Je voudrais trouver autre chose de plus important et de plus gros à joindre à ce lot. Jusqu’à présent, je ne vois rien. Mais je chercherai encore. Il faudra absolument que je trouve quelque chose pour faire le poids.
Jour, Toto, jour, mon cher petit o, Papa est bien i, Voime, voime. En attendant qu’il vienne, je le baise bien fort et de tout mon cœur partout et ailleurs.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16358, f. 249-250
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « racommoder ».
b) « racommodées ».


31 mars [1845], après-midi, 1 h. ½

Je me suis dépêchée de m’habiller, mon Toto chéri, pour aider Eulalie à raccommodera ta tapisserie. Le peu que je ferai sera toujours fait et je ferai de mon mieux pour que cela soit aussi bien que possible.
Clairette est partie peu de temps après que je t’ai eu écrit. Lanvin est venu la prendre en fiacre. Il était accompagné du père et des enfants [2] qui ne sont pas descendus, comme bien tu pensesb. La voilà partie pour quinze jours, cette pauvre enfant. Je désire que la présence de cette petite fille ne les lui fasse pas trouver plus longs que d’habitude. Mme Marre, du reste, s’est montrée excellente dans cette affaire et je lui en sais gré de tout mon cœur.
Mon Victor bien aimé, il me semble que j’aurais bien besoin de marcher. Est-ce que tu ne pourras pas trouver un moment pour me faire sortir un de ces jours ? Je ne te le demande pas souvent mais quand je te le demande, c’est que je sens véritablement le besoin de prendre de l’exercice. Aussi, mon Toto, si tu peux me faire profiter du beau temps, ne fût-cec qu’une heure, tu me rendras un vrai service, outre que tu me feras un grandissime bonheur. Je t’ai déjà dit pourquoi le beau temps avait le privilège de m’attrister. Aujourd’hui j’ai le cœur encore plus gros qu’à l’ordinaire. Si je m’écoutais, je fermerais mes volets et je pleurerais à chaudes larmes. Il y a des moments où je crains que cela n’influe sérieusement sur ma raison. Je t’aime trop, mon Victor, bien décidément, je t’aime trop.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16358, f. 251-252
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « racommoder ».
b) « tu pense ».
c) « ne fusse ».

Notes

[1Charlotte Pradier entre à la pension de Mme Marre à Saint-Mandé ce 31 mars 1845.

[2James Pradier et ses enfants, Charlotte, John et Thérèse.

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