Guernesey, 30 juin 1858, vendredi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon bien-aimé, bonjour mon pauvre petit souffrant, bonjour. Comment vas-tu ce matin ? As-tu passé une bonne nuit ? Tu n’as pas encore ouvert ta fenêtre mais j’espère que cela ne veut pas dire que tu sois moins bien qu’hier [1]. Quant à moi, j’ai très bien dormi et déjà ma journée se prépare bonne puisque je trouve moyen de la commencer par le COMMENCEMENT RESTITUS. Il ne faut rien moins que cela pour me donner bon espoir pour tout le jour. J’espère que tu prendras tes bains sans trop d’ennuis et que tu te sentiras si près d’être guéri que tu n’auras plus aucun souci sur la durée plus ou moins douteuse de ta petite indisposition. Jusque là, je prépare mon arsenal du seauxa, de baignoire, de serviettes, de draps et de couvertures et je t’attends mon eau chaude à la main. J’ai encore quelques cerises à cueillir pour notre tarte ce soir et des roses à éplucher pour ton vinaigre ce qui fait que je ne peux pas trop m’attarder aux bagatelles du cœur et que je suis forcée de te donner mon amour et mes tendresses en bloc. Je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16379, f. 135
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette
a) « sceau ».