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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 29 avril [18]72, lundi matin, 7 h.

Je suppose, mon grand bien-aimé ; que tu as bien dormi toute la nuit, ce qui me ravigote le cœur et l’âme ce matin. Quant à Petit Georges et à Petite Jeanne, voilà un soleil fait pour eux. Quel dommage qu’on ne puisse pas les lâcher en pleine campagne à même les arbres et les fleurs ! À défaut de Guernesey, dont leur mère semble ne pas vouloir, on pourrait aller quelque autre part où l’herbe verdoie et où le soleil poudroie [1] encore mieux qu’ici. Tout le monde, je crois, n’aurait qu’à gagner à cette villégiature. Quant à notre pauvre Guernesey, il faudrait y renoncer mais en prenant un parti raisonnable qui serait d’y envoyer Suzanne pendant le temps de notre campagne pour mettre un peu d’ordre dans le désordre que nous avons laissé dans notre départ précipité. En même temps elle rapporterait ici mon linge de maison et de corps dont le besoin devient de jour en jour plus urgent. Je te soumets cette idée, résignée d’avance au peu de compte que tu en tiendras. Tous mes efforts depuis longtemps ne tendent qu’à peser le moins possible sur toi et à m’effacer peu à peu de ta vie et d’en disparaître sans que tu t’en aperçoives. C’est la dernière marque d’amour que je puisse encore te donner.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 118
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1« Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie », dit sœur Anne dans Barbe bleue.

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