27 février [1845], jeudi matin, 8 h. ½
Bonjour, mon Toto bien aimé, bonjour, mon cher petit Toto chéri, comment vas-tu ce matin ? Comment va ta gorge ? Tu ne le sauras que ce soir quand tu seras épuisé. Il faudra cependant bien que tu te reposes et que tu te soignes et ce ne sera pas malheureux.
Tu vois, du reste, que tout en me levant de bonne heure, je ne suis pas trop en avance. J’espère pourtant n’être pas en retard. Je ne veux pas risquer de ne pas te voir comme l’autre fois [1]. C’est bien le moins puisque je ne te vois pas chez moi que je te voie en public. Il est vrai que cette nuit, j’aurais pu profiter du moment où tu corrigeais tes épreuves mais je suis tourmentée par l’approche de certaine époque, ce qui me donne encore plus mal à la tête que d’habitude. C’est ce qui fait que je me suis couchée hier et avant-hier malgré que tu sois là. Je craignais d’être malade aujourd’hui, c’est ce qui m’a décidéea à me coucher, toi étant là. Mais aussi, à partir de ce soir, quelles bonnes revanches je vais prendre. Je veux que ce soit EFFRAYANT. En attendant, je vais aller vous admirer avec tout le monde mais pas comme tout le monde. Claire remarque que c’est aujourd’hui la mi-carême et que Sainte-Beuve aura l’air d’un chienlitb en habit d’académicien. Je suis entièrement de son avis. Baise-moi, toi, et tâche de n’être pas trop beau.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16358, f. 129-130
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « m’a décidé ».
b) « chian-lit ».