Guernesey 30 sept[embre 18]78, lundi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, grâce à la fête de Petite Jeanne [1] je me suis INDULGÉE [2] ce matin d’un long et fort sommeil. J’espère que tu en auras fait autant de ton côté. La journée d’hier restera dans mon souvenir et dans mon cœur parmia les plus gaies, les plus douces, les plus lumineuses et les plus heureuses de ma vie. Je la bénis à jamais, comme je te bénis, toi, ta chère petite Jeanne, ton cher petit Georges et tous ceux qui ont participé à cette fête aimable, famille et amis. On dirait que l’année a attendu ce neuvième anniversaire de la naissance de Petite Jeanne pour mettre sa plus belle robe de soleil. Ce matin encore il fait un temps exquis que nous pourrons utiliser d’une façon charmante pour nos chers hôtes et pour nous. Et à ce propos je te donne ici le chiffre de ce que j’ai payé au Gouffre [3] : pour le déjeuner 51 F., et pour le service 5 F., plus au cocher j’ai donné 2 F. Total pour cette petite fête, 58 F. Ça n’est pas trop, étant si nombreux. Il est vrai que la wagonnette [4] n’est pas comprise dans ce chiffre. Mais nous avons été heureux pour beaucoup plus que cela et je t’adore.
Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House
Syracuse
Transcription Gérard Pouchain
[Barnett, Pouchain]
a) « parmis ».