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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 octobre [1847], mardi matin, 8 h. ¼

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, comment vas-tu, comment va-t-on autour de toi [1] et comment m’aimes-tu ? Je suis encore bien blette ce matin. Je ne sais pas par quel bout me prendre et quelle grimace faire car tout me fait mal. Cependant ma rage de tête est un peu calmée. J’espère que je n’y penserai plus tantôt. J’y penserai d’autant moins que tu viendras plus tôt et je crois que je serais guérie pour longtemps si tu voulais me faire pour moi seule un beau dessin aussi pire que tous les autres. Cependant je ne t’y force pas car je sais combien ton temps est précieux et dans ce que je te dis il n’y a pas la moindre parcelle d’amertume, pas la plus petite mauvaise pensée. Je te le dis avec conviction et avec les plus doux sentiments d’admiration et d’adoration que j’aie en moi. Pauvre être doux généreux dévoué charmant et sublime, il faudrait que je fusse bien aveuglée et bien stupide pour ne pas te rendre toute la Justice que tu mérites et la fussé-je, d’ailleurs, que mon cœur et mon âme sont là pour attester que tu es le meilleur et le plus grand des hommes. Sois heureux, mon adoré, autant que tu es bon, autant que tu es admiré et autant que tu es aimé et béni par moi et tu n’auras rien à désirer en ce monde. Je baise tes mains et tes pieds et je t’attends.

Juliette

Collection particulière / MLM / Paris, 65303 0043/0045
Transcription de Gérard Pouchain


19 octobre [1847], mardi, midi ½

Toujours de mieux en mieux au rebours de Nicolet qui allait toujours de pire en pire [2] je crois à moins que je ne me trompe, ce qui ne serait pas impossible. Enfin, quoi qu’il en soit de ma citation, il n’en est pas moins vrai que ta chère femme va parfaitement bien [3]. C’est Charlot qui l’a dit ce matin à Joséphine. Aussi je tâche de me mettre à l’unisson et je fais la nique à mon mal de tête quitte à ce qu’il me le rende ce soir. J’espère que tu vas venir tout à l’heure finir ton PENDU ? Il est impossible de laisser une si belle horreur en train. Les arts et la Justice s’y opposent. Dans cet espoir je me hâte de faire mes affaires pour vous laisser la place libre. Si vous le permettez je copierai à côté de vous. Cela ne vous troublera pas dans votre travail et cela m’occupera agréablement. J’ai été forcée de prendre de l’argent dans le sac pour le renouvellement en question. Il faudra que tu voies si je peux envoyer acheter du bois car je n’en ai pas une seule bûche d’avance. Il faudrait tâcher aussi d’avoir une lampe car le système des bougies coûte très cher et éclaire très mal. Et puis si tu ne peux pas envoie-moi promener avec toi et baise-moi et je serai la plus heureuse des Jujus.

BnF, Mss, NAF 16365, f. 244-245
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

Notes

[1Mme Hugo se remet de la fièvre typhoïde.

[2Citation à élucider. Peut-être s’agit-il d’une variation sur l’adage « c’est de plus en plus fort, comme chez Nicolet ». Nicolet était un directeur de théâtre populaire dans la seconde moitié du XIXe siècle.

[3Adèle Hugo se remet de la fièvre typhoïde.

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