Paris, 5 nov[embre 18]70, samedi matin, 10 h.
Cher bien-aimé, je t’ai envoyé ce matin le bonjour qui pouvait plaire le plus à ton cœur, la bonne nuit de Petite Jeanne et de Petit Georges. Sais-tu qu’il y a aujourd’hui deux mois que tu as repris possession en personne de Paris dans une ovation enthousiaste et presque délirante. Je regrette que tu ne puisses pas assister tantôt à celle qu’on fera à tes Châtiments. Hélas ! mon regret se double encore par la tristesse de revoir sans toi le théâtre où ton regard s’est posé sur moi pour la première fois [1]. J’aurais désiré rentrer dans ce sanctuaire de notre premier baiser qu’appuyéea sur toi et mon cœur contre ton cœur. Aussi, mon cher bien-aimé, cette fête est presque un chagrin pour moi et peu s’en est fallu que j’y aie renoncé. J’ai craint que cela ne fût mal interprété par ton groupeb auquel je ne pouvais pas dire le motif de cette abstention mais je sens que mon âme ne sera pas complètement heureuse au milieu de la joie de tousc ceux qui écouterontd tes formidables et sublimes Châtiments [2]. Je baise tes pieds dévotement.
MLVH Bièvres, 36-3LivVH 31a, 31b et 31c
Transcription de Gérard Pouchain
a) « appuiée ».
b) « grouppe ».
c) « tout ».
d) « écouterons ».