Mercredi, 10 h. du matin
[7 août 1833] [1]
Pauvre bien-aimé – je ne te verrai sans doute pas aujourd’hui. Ce retard qui autrefois m’aurait paru une très grande contrariété, est maintenant un profond chagrin, car je ne suis pas sûre de te voir demain – Encore, si je n’avais pas de cruelles inquiétudes sur ta santé – Oh ! mon bien aimé Victor. Prends bien soin de toi. Songe que ta santé, c’est mon bonheur et ma vie – Mon Victor, je t’aime – je suis à toi – toujours à toi – à toi seul. Je serai jusqu’à la mort ta fidèle amante –
Comme j’en étais là de ma lettre – on m’apporte un bulletin du théâtre – ainsi conçu – sans remise Bergami [2] dimanche. M. Harel compte sur votre zèle accoutumé – Cette phrase – me trouve bien indifférente et bien peu disposée à faire ce qu’on me demande – d’étudier. J’aime mieux penser à toi – Je ne suis pas dégoûtée – comme tu vois – Oh ! je t’aime tant ! – Ma mémoire, comme tout le reste, n’est qu’à toi – quand il te plaira de me la rendre j’étudierai – Jusque-là, ce sera un peu difficile –
En attendant, je te donne des milliers de baisers en désir. Je t’aime – Je t’aime.
Juliette
Peut-être irai-je chez Mme Ledon pour mon costume.
[Adresse]
3e
Pr Victor
[illis.]
BnF, Mss, NAF 16322, f. 48-49
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette