Paris, 25 août [18]77, samedi matin, 9 h.
La douce et charmante soirée d’hier, mon grand et ineffable bien-aimé, méritait mieux que la vilaine et méchante nuit que j’ai eue. Heureusement, j’espère que tu vas bien et que tu as dormi pour deux, c’est ce qui me console. Ce qui me ravit et me ravigote au-delà de tout, c’est que petite Jeanne va beaucoup mieux ce matin. Mais comme il n’y a pas de rayon sans ombre [1], il n’y a pas non plus de joie sans tristesse ; c’est pourquoi la santé de cette chère petite sera payée par son départ à la campagne demain matin, paraît-il. Enfin, nous saurons qu’elle va bien, qu’elle s’amuse, et nous nous composerons notre bonheur de tout cela pendant son absence et celle de son cher petit frère. Jusqu’à présent il n’y a encore aucune nouvelle de madame Chenay ; peut-être les apportera-t-elle elle-même ; dans tous les cas nous sommes prêts à la recevoir de notre mieux.
Cher bien-aimé, que je t’aime, que tu es bon pour moi et que je suis heureuse de ton amour que je bénis.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 231
Transcription de Guy Rosa