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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 septembre [1838], dimanche matin, 10 h. ½

Si c’est avec l’intention de me faire du mal que vous vous êtes abstenu de venir depuis hier, vous devez être content car vous avez parfaitement réussi, mais si vous n’avez voulu que bouder bêtement et faire vos affaires à l’ombre de cette bouderie, vous êtes plus bête… que méchant et je vous pardonne. Cependant je dois vous dire, mon petit homme, que pour peu que vous teniez à conserver l’amour de votre vieille Juju, ceci est un moyen de la blesser et de la refroidir jusqu’au fond de l’âme. Je vous ai attendu cette nuit jusqu’à une heure du matin. Le reste de la nuit, j’épiais tous les bruits pour tâcher d’y découvrir le vôtre. Ma peine a été perdue complètementa, c’est ce qui me décourage à vous attendre ce matin. Je pense que vous vous trouvez trop bien là où vous êtes pour venir essuyer des grogneries du déjeuner et de l’amour de votre vieille maîtresse. Moi, j’aurais été vous rejoindre cette nuit à pied à travers bois et malgré la pluie si je l’avais pu. Mais voilà de quoi sont capables les méchantes femmes, et vous, vous me donnezb l’exemple de quoi ne sont pas capables les bons et les charmants hommes comme vous. Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 231-232
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « complettement ».
b) « donner ».


16 septembre [1838], dimanche soir, 11 h.

Je veux que vous ayez votre contingent, mon petit homme bien-aimé, c’est pour cela que je vous écris un peu tard mais du fond de l’âme. J’étais bien triste et bien montée quand vous êtes arrivé, mais votre présence a dissipé le nuage s’il n’est plus trace que d’amour et d’espoir de bonheur. Au reste je ne sais pas si c’est le bonheur de souper avec vous qui m’avait renduea ivre mais j’ai accumulé ce soir maladresse sur maladresse et cette pauvre Mme Pierceau en a eu la plus grosse part, mais ça m’est égal. Je vous ai ou du moins je vais vous avoir : QUEL BONHEUR !!!!!!!!b J’étais si malheureuse depuis hier, j’ai si mal dormi que je vais justement me rabibocher cette nuit. Mon bon petit To, mon cher petit To, mon ravissant petit To, je vous adore. Venez donc bien vite que nous profitions de tous les moments. J’ai faim et soif de vous, venez vite je vous désire, venez très tôt je vous attends. Donnez votre gale, l’autre s’il vous plaît. Papa est bien i.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 233-234
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « rendu ».
b) Les huit points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.

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