Guernesey, 20 janvier 1857, mardi soir, 5 h. ¼
Quel temps, mon pauvre petit homme, et dans quel état tu dois être pour peu que tu aies persisté dans ton expédition à CIEL OUVERT. J’espère encore que tu n’auras pas eu cette cruauté envers toi-même et que tu te seras accordé au moins une patache [1] fermée à la place d’un PHAÉTON. J’ai vu Mme Florence qui m’a dit t’avoir regardé courir éperdument sous la grêle et la pluie de la fenêtre de Guérin où elle était. Ce renseignement est trop bref pour que je puisse en tirer des inductions bien probables sur le reste de la journée. Aussi je t’attends avec impatience pour savoir comment s’est passéea votre fameuse partie de campagne. Quant à moi je suis restée tout bêtement avec Mme Florence auprès de mon feu ; occupation très saine mais peu folâtre, du reste la pauvre femme me paraît assez désœuvrée si j’en juge par le temps qu’elle est restée auprès de moi à me raconter les [tourments de l’absence ?] du trop aimé Kesler et de sa colère contre Mme Duverdier qui s’est conduite très sottement l’autre soir chez [illis.] avec tout le monde et en particulier avec elle, Mme Florence, ce qui ne m’a pas étonnée, la susdite Duverdière étant une pécore qui croit que les cornes de son mari lui font un nimbe de déesse. Tiens te voilà, je m’arrête dans mes invectives.
7 h. ½
Vous êtes un affreux monstre puisque vous n’avez pas le cœur de partager vos bonnes fortunes sculptées avec moi [2]. Taisez-vous, je vous [abomine ?].
[J ?]
BnF, Mss, NAF 16378, f. 18
Transcription de Chantal Brière
a) « s’est passé ».