31 mai 1873

Guernesey 31 mai [18]73, samedi, 2 h. du soir

Cher adoré, tu me fais dire par Suzanne que tu as bien dormi et que tu vas bien. Je ne demande pas mieux que de le croire mais il faut que cela me soit prouvé, prouvé… prouvé pour que je tire de cette bonne nouvelle tout le bonheur qu’elle contient. Quant à moi, mon cher petit homme, je vais presque trop bien surtout si, comme je le crains, ton bobo de côté persiste encore. Je me reproche ton mal comme s’il dépendait de moi que tu ne l’aies pas, c’est pourquoi je te supplie, mon adoré, de te soigner et de te ménager plus que tu ne le fais depuis bien longtemps. Je te serai bien reconnaissante d’avoir pitié de moi à travers toi. Quant à être prête pour la voiture, ne t’en inquiète pas car je suis déjà sous les armes depuis une heure. Quel bonheur s’ajouterait pour nous aujourd’hui à notre petite promenade si tu pouvais avoir de bonnes nouvelles de tes chers enfants et de tes excellents amis. Il semble que c’est facile à faire et cependant nous soupirons bien longtemps avant d’avoir une petite satisfaction de ce côté-là. Espérons que nous serons plus heureux aujourd’hui. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 161
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette