Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1873 > Mai > 28

28 mai 1873

Guernesey 28 mai [18]73, mercredi matin, 8 h.

Il m’est impossible, mon cher grand bien-aimé, de savoir à quelle heure tu t’es levé ni même si tu es levé en ce moment parce que je me suis levée tard et parce qu’il m’a fallu déménager dare-darea, avec Suzanne tout l’outillage de mon cabinet de toilette avant que les ouvriers ne soient dans la fenêtre même. Mais, ce que je sais bien : par exemple, c’est que mon amour va toujours grandissant et mon admiration et ma vénération aussi au fur et à mesure que tu grandis toi-même dans tes œuvres prodigieuses, dans tes actions sublimes et dans ta bonté divine. J’ai le cœur plein de tendresse et d’adoration en pensant à tout le bien que tu fais sans te lasser jamais et sans te plaindre des plus noires ingratitudes. Ton courage et ta pitié ne reculent devant rien de ce qui rebuterait les anges eux-mêmes. Comme Dieu tu es inépuisable dans le beau, dans le grand, dans le juste et dans le pardon. Sois comme lui béni et adoré par la reconnaissance générale du genre humain et aimé par moi comme jamais homme ne l’a été sur la terre. J’espère que ta lettre à Mac Mahon [1] portera bonheur à ce pauvre Rochefort [2] et que ce soudard de général tiendra à honneur de faire ce que tu lui demandes pour ce pauvre malheureux homme victime de la plus monstrueuse réaction. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 157
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « dar, dar ».

Notes

[1Après la chute de Thiers le 24 mai 1873 et l’échec de la tentative de restauration de la monarchie, Mac Mahon devient président de la République.

[2Journaliste républicain, Rochefort est inquiété pour avoir soutenu la Commune. Il obtient la protection d’Adolphe Thiers. Après la chute de ce dernier, Hugo intervient pour obtenir du duc de Broglie la protection de Rochefort, en vain : il est condamné à la déportation en Nouvelle Calédonie, où il part en août 1873 (et dont il s’échappera l’année suivante).

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne