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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 juillet [1846], lundi après-midi, 1 h. ¼

Bonjour cher adoré, bonjour mon âme. À toi mes pensées, mes baisers et tout ce que j’ai de plus tendre et de plus doux, à toi encore et toujours. Je t’écris tard, tu sais pourquoi. Aujourd’hui on est venu avant midi et tout était prêt. C’est bien le moins que je puisse faire pour ce pauvre jeune homme qui se donne tant de peine pour arriver à faire ce buste de son mieux [1]. Voici qu’on me remet à l’instant même une lettre de Mme Luthereau, venue par Paris. Je t’attends pour l’ouvrir, mon bien-aimé, mon Victor, mon adoré. Je t’aime, tu es ma vie.
Ce matin, je croyais que le courage allait me manquer, mais j’ai prié le bon Dieu, et puis j’ai pensé à toi et mon courage est revenu. À l’heure qu’il est, je me sens presque forte. Il est vrai que j’espère te voir arrivera de minute en minute. Eugénie et M. Vilain paraissent tristes et consternés, ce que j’attribue aux lenteurs du ministère. Jusqu’à présent il n’a reçu aucune nouvelle directe de Cavé. Je devine qu’ils en sont arrivés tous les deux aux derniers expédients. Mais que faire pour presser ce hideux bonhomme ? Quant à moi je leur ai conseillé, à lui M. Vilain, de revoir Vitet ou tout au moins d’y laisser son nom. Rien n’est plus triste que de sentir des gens qui souffrent autour de soi. Pour ma part, cela me fait mal, même quand ce sont des inconnus, à plus forte raison quand ce sont des personnes auxquelles je m’intéresse. Toutes ces lenteurs, tous ces mauvais vouloirs font ressortir davantage la bonté, l’empressement, la grâce et le dévouement avec lequel tu obliges. Cher bien-aimé, tout le monde pourrait te dire ces choses-là mieux que moi, mais personne ne pourrait les sentir aussi bien. Chaque jour me donne des motifs de t’admirer davantage. Je ne sais pas où cela s’arrêtera, mais en attendant, tu es mon Victor ravissant que je baise, que j’aime et que j’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16363, f. 225-226
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

a) « arrivé ».

Notes

[1Juliette pose pour le sculpteur Victor Vilain.

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