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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 4 décembre 1860, mardi soir, 8 h.

Cher bien-aimé, je finis ma journée par où j’aurais eu tant de bonheur à la commencer si je n’en avais pas été empêchée par un enchaînement de petites occupations et de petites tracasseries de domestique. Mais cette transposition de ma restitus ne fait rien à mon amour car je t’aime à minuit comme à midi ; les heures, les jours, les mois, les années glissent sur lui sans le ralentir ni l’amoindrir. Au contraire, chaque minute qui s’écoule est un siècle d’amour de plus pour l’éternité, c’est ainsi que mon cœur thésaurise depuis le premier moment où il t’a aimé.
Cher adoré, j’ai voulu faire, séance tenante, honneur à ton beau petit meuble et je m’y suis mise moi-même dès le matin pour forcer le mauvais vouloir de Suzanne et la piquer au jeu. Je n’y suis parvenue qu’à moitié mais cela suffit pour te montrer la splendeur de ce beau cabinet chinois. Mais, quelle que soit sa beauté, il n’égalera jamais pour moi la grâce et la générosité avec lesquelles tu me l’as donné. J’en ai le cœur encore tout ému et je sens que ma main tremble en t’écrivant ceci : mon Victor tu es bon, autant que tu es grand et autant que tu es aimé et adoré par moi.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 312
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

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