Paris, 30 mars [18]77, vendredi midi ¾ [1]
Cher bien-aimé, je pelote en attendant [ ] [2] partie jusqu’à l’heure du déjeuner qui ne peut guère tarder maintenant. Je n’ai pas encore pris de parti définitif au sujet du mariage mardi [3]. Je crains beaucoup de rencontrer une personne que je ne veux pas voir [4] et je crains encore plus de lui laisser le champ libre et à toi aussi. Irai-je, n’irai-je pas ? that is the question que je déciderai au moment même. En attendant, mon divin piocheur, il faudra, si cela ne te dérange pas trop, tout à l’heure, que nous mettions à jour les invitations qui sont un peu brouillées dans ma mémoire en ce moment. Quant à te demander de profiter du beau temps aujourd’hui, ce serait peine perdue, aussi je m’en abstiendrai. Je me contenterai, sans aucun mérite de ma part, de vivre auprès de toi et de prendre ma part du soleil qui jaillit de ton regard. Tu vois que je ne suis pas encore si mal partagée et que j’ai raison de te sourire, de t’admirer, de t’aimer et de t’adorer.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 90
Transcription de Guy Rosa