Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1877 > Mars > 28

28 mars 1877

Paris, 28 mars [18]77, mercredi matin, 10 h.

Qui paie ses dettes s’enrichit, dit le proverbe. À ce compte-là, mon grand petit homme, tu dois te sentir passer à l’état de feu le citoyen Crésus depuis ce matin, ou de Rothschild vivant, à ton choix, car tu fais tout ce qu’il faut pour cela. Toujours est-il que nous voilà délivrés du douceâtre socialiste filou Charroin, ce dont je ne suis pas fâchée pour ma part. Ton neveu Léopold [1] t’a écrit pour te dire qu’il allait prendre des vacances et qu’il ne reviendrait pas s’asseoir à ta table avant la Quasimodo, et il profite en même temps de ce nom légendaire pour te parler de Notre-Dame de Paris et pour t’envoyer au figuré un plan que, dans mon ignorance, je n’ai pas compris, mais qui importe, comme dit le plus célèbre des Guernesiais, ton ami Marquand. Hélas ! son souvenir que j’évoque involontairement en ce moment me fait venir au cœur la nostalgie de ce ravissant petit Eden de notre exil, et je trouve dur de n’avoir pas même l’espoir de le revoir avant de mourir. La vie a ses rudesses et, le plus souvent, ce ne sont pas celles qu’on croit. Ce petit moment de rabâcherie triste passé, je souris au soleil qui te câline probablement à la minute où je te gribouille mes plaintives doléances et je t’envoie le meilleur de mon cœur et de mon âme.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 88
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1Léopold Hugo, fils d’Abel.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne