Guernesey, 20 octobre 1861, dimanche matin, 7 h. ½
Bonjour mon cher petit homme. Bonjour en tout petit petit puisque tel est ton ordre et ta volonté. J’espère que tu as bien dormi malgré l’incrudité du rosbeaf et que tu [te] portes très bien ce matin malgré le brouillard. Quant à moi je vais bien et je me hâte de talonner ce pauvre gribouillis pour être plus vite à ma chère petite besogne. Je me hâte lentement dans ce travail de collation pour que tu aies toi-même peu de choses à revoir. Cependant depuis hier je vais un peu au hasard et je vois qu’il faudra que tu fasses un autre travail de révision et de raccord car il serait presque impossible de s’en tirer maintenant sans commettre de graves erreurs. Je te mettrai le petit dossier dont je te parle de côté et il te sera très facile à toi, qui l’a inventé, de débrouiller tout cela et de tout replacer à son point. En attendant je poursuis mon chemin et je fais de mon mieux pour t’épargner quelque peine. Si je n’y réussis pas mieux ce n’est pas faute d’attention, de soin et d’amour. Je veillerai à ce que le rosbeaf soit désormais cru à point pour que vous soyez content et votre anthropophagie aussi. Jusque là, pardonnez-moi et aimez-moi à toute sauce.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 129
Transcription de Florence Naugrette