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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 2 octobre 1861, mercredi, 8 h. ½ du matin

Bonjour, mon adoré bien aimé, bonjour, mon divin bien aimé, bonjour, je [illis.], que Dieu te bénisse dans tout ce que tu aimes.
Je viens de lire et de copier la première page de la sublime intercalation de lumière que tu mets dans tes Misérables. À propos d’aveugle il y a de quoi faire désirer la cécité, pour qui a une fille, une sœur, une femme dévouée heureuse de se consacrer à son infirmité. Mais pour qui n’a pas ces yeux de rechangea, qui est seul au monde et qui sent qu’il ne peut être qu’un fardeau, une gêne et un ennui, être aveugle c’est être mort sans avoir la paix du tombeau. Quant à moi, mon pauvre adoré, qui ne consens à vivre que pour t’aimer et te servir, je demande à Dieu de me retirer de ce monde le jour où je ne pourrai plus être bonne à rien. En attendant j’y vois encore assez, Dieu merci, pour être éblouie de ce que je viens de lire et pour me trouver bien heureuse de faire courir mes pattes de mouche, derrière ta pensée ailée. L’épreuve m’est bonne et je n’ai jamais senti mes yeux plus sains et plus voyants aussi, mon adoré, ce n’est pas une page qu’il faut me donner à copier c’est tout ce que tu pourras me donner. Plus il y en aura plus j’en ferai, et plus j’y verrai et plus je serai heureuse.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 113
Transcription de Florence Naugrette

a) « rechanges ».

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