Jersey, 29 novembre 1854, mercredi midi.
Bonjour, mon tout bien-aimé, bonjour je t’aime malgré vent et [marais ?] et Dieu sait s’il en fait depuis hier du vent et de la marée. Dites donc, vous, il ne tiendrait qu’à moi de manger de la viande démocratique et sauciale à la même table que vous ce soir puisque j’ai payé pour cela deux shellings au CITOYEN MANESSI, membre du comité du Banquet. Lequel comité aa décrété hier que les FAUMES et les ÉPOUSES en seraient. J’aurais peut-être pu et dû m’abstenir sous le prétexte assez plausible que je ne suis ni l’une ni l’autre et que ma bourse a des rétrécissements de plus en plus faméliques. Mais voici Suzanne qui arrive de chez Mme Préveraudb laquelle me fait dire que si je veux aller entendre le discours de M. VICTOR HUGO, elle viendra avec moi et son mari viendrait nous introduire. Je serais très tentée d’accepter si, d’autre part, elle ne m’avait pas fait savoir que ta femme et ta fille devaient y assister. Cela étant, il est plus que probable que je me priverai encore cette fois-ci du bonheur de t’entendre. En somme je ne suis pas dans ce monde pour mon plaisir, mais pour t’aimer uniquement et exclusivement, toujours et partout.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16375, f. 408-409
Transcription de Chantal Brière
a) « à ».
b) « Préverault ».