Paris, 19 juillet [18]77, jeudi matin, 11 h.
Cher bien-aimé, mon œil va de mal en pis et se complique maintenant d’un grand mal de tête qui me laisse à peine la liberté d’assembler deux idées. Si Émile Allix ne venait pas ce soir, je l’enverrais chercher tout de suite pour qu’il m’enseigne un bon oculiste car je sens que c’est un bobo plus grave que d’habitude.
11 h. ¾
Je te remercie, mon grand petit homme, de m’avoir fait lire, pendant que mon œil est encore ouvert, l’admirable lettre que tu viens d’écrire aux Lyonnais [1]. Si quelque chose peut me faire prendre mon mal en patience aujourd’hui, c’est d’avoir pu copier cette noble et sublime lettre. Je vais y penser toute la journée et son souvenir me tiendra compagnie ce soir pendant que vous serez à table, car il est plus que probable que je ne pourrais pas être des vôtres ce soir, trop heureuse si je pouvais en être le jour de ta fête, que je bénis d’avance autant que je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 194
Transcription de Guy Rosa