Paris, 14 juillet [18]77, samedi matin, 10 h.
Et d’abord, bois-moi ça : je t’adore ! J’éprouve une vraie joie à penser que nous serons libres de tout commensaux [1] lundi, après-demain. Moi qui m’accommode si facilement de tout, je finis cependant par me blaser de l’éternel pâté d’anguille que je sers à tout venant depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre. Aussi l’idée d’un petit dîner de temps en temps avec toi me ravit et me ravigote.
Il paraît certain, au dire d’Henriette, que sa mère arrivera ce soir. Je ne serai pas fâchée de revoir cette brave femme et surtout de faire un grand bonheur à sa fille qui ne sort que pour aller au cimetière depuis la mort de son mari. Dans le cas où tu voudrais envoyer tes livres récents à Mme Chenay, elle pourrait se charger de les lui porter. J’aimerais mieux que nous puissions les lui porter nous-mêmes mais… comme cela ne se peut pas, je rengaine ma préférence [illis.] ne te montrer que ceci : je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 189
Transcription de Guy Rosa