Paris, 1er juin 1880, mardi midi
Cher bien-aimé, j’arrive un peu en retard, bien qu’en me pressant beaucoup, parce que j’ai voulu faire mes comptes de mai pour te les présenter tantôt. Mais ton cœur n’y perdra rien, car chaque battement de mon cœur ajoute une tendresse de plus à mon amour pour toi. Tu m’as dit ce matin, à travers ton demi-réveil, que tu avais bien dormi. J’espère que tu ne t’es pas trompé. En attendant que tu m’en donnesa une nouvelle assurance, je t’annonce qu’il n’y aura pas de Sénat avant jeudi, en voici l’ordre du jour : réunion dans les bureaux à une heure, et séance publique à deux heures. Pour n’en pas perdre l’habitude, je te fais souvenir que c’est aujourd’hui le jour d’argent. Mais puisque te voilà, il serait plus simple de te le dire de bouche [1] au lieu de l’écrire. Cependant je continue :
La maison … 200 F.
Gages de Rosalie … 50 F.
Gages de Virginie … 50 F.
Gages de Célanie … 40 F.
Gages d’Emma … 30 F.
Mois du coiffeur … 35 F.
En tout … 405 F.
J’ai inscrit d’office au chapitre de la recette le mois de Mme Lockroy … 1125 F. Maintenant, j’ajoute à cette addition les millions de milliards de baisers que je t’ai donnésb déjà, et que je continuerai à te donner dans les siècles des siècles. Amen. Ainsi soit-il.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 144
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « donne ».
b) « donné ».