3 avril 1880

Paris, 3 avril 1880, samedi soir, 4 h. ½

Ce n’est pourtant pas faute de me lever matin si ma pauvre restitus n’arrive pas à son heure tous les jours, mais à celles des mille tracasseries de ménage qui ne font que croître et enlaidir tous les jours au fur et à mesure que les années se superposent sur ma vieille carcasse. Ce matin je pensais en être quitte avec elle pour un bain pris à propos, mais j’avais compté sans mes divers chiens à fouetter. Cependant, il ne sera pas dit que je laisserai cette journée s’achever sans avoir donné satisfaction à mon cœur par un gribouillis bien senti. Nous verrons après s’il te convient d’affronter l’orage sous prétexte de promenade hygiénique. À mon avis, ce serait le cas de rester clos et couverts encore aujourd’hui, ce qui serait d’autant de rattraper^a sur les bonbons, les poissons et les œufs Boissier. Je vais aller savoir de toi ce que tu décides, trop heureuse d’être d’avance de ton opinion quelle qu’elle soit : attrapé^b.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16401, f. 93
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin

a) « rattrapper ».
b) « attrappé ».